Anna Szenes

Anna Szenes aurait eu 100 ans : Yad Vashem lui consacre une exposition virtuelle en français

L’idée de cet article m’est venue quand j’ai lu le post d’une amie de Metz – elle se reconnaîtra – qui écrivait sur Facebook que son petit fils Noam participerait, aux côtés d’autres parachutistes israéliens, à un saut en Hongrie en l’honneur du centenaire de la naissance de Anna Szenes. Quelques jours plus tôt j’avais d’ailleurs reçu un communiqué de presse de Yad Vashem annonçant une exposition virtuelle en français sur cette héroïne de la seconde guerre mondiale. Enfin, Anna Szenes est enterrée au Har Herzl à Jérusalem…la boucle était bouclée, j’allais lui consacrer quelques lignes.

On a tous entendu parler de Anna Szenes, parachutée en Europe occupée pendant la Shoah et qui y avait été executée Mais l’histoire ne commence pas là.

Anna Szenes, que ses proches appelaient Aniko, est née à Budapest le 17 juillet 1921. Son père, Bela est journaliste et écrivain. Il décède quand Anna n’a que 6 ans. Heureusement certaines de ses pièces continuent à être jouées après sa mort ce qui rapporte suffisamment d’argent à sa femme Katherine pour nourrir et élever ses deux enfants, Anna et son frère Giora, d’un an son ainé.

Dès son plus jeune âge Anna écrit, d’abord un journal intime puis des poèmes. Elle écrit en hongrois avant d’écrire aussi en hébreu. En 1939 elle part en Israël où elle suit les cours de l’école d’agriculture de Nahalal. En 1941, elle s’installe au kibboutz Sdot Yam. C’est en 1943 qu’elle s’enrôle comme volontaire dans l’armée britannique et devient parachutiste. Elle fera partie des 37 membres des parachutistes du Yshuv.

En mars 1944 elle est parachutée en Yougoslavie dans le cadre de l’opération « Het », comme la première lettre du mot hadira qui veut dire infiltration en hébreu. Elle reste 3 mois avec les résistants yougoslaves avant de passer en juin en Hongrie. Lors de son passage, elle est arrêtée en possession d’un émetteur. Emprisonnée à Budapest, elle est torturée mais ne révèlera jamais les codes de sa radio afin de ne pas mettre en danger ses camarades. Elle résiste même quand sa mère est à son tour arrêtée et menacée devant elle de torture. En octobre 1944 elle est jugée pour trahison devant un tribunal militaire. Elle sera exécutée le 7 novembre 1944, avant même que sa condamnation ne soit prononcée. Elle avait 23 ans.

En octobre 1945, sa mère Katerine immigre à son tour en Israël et y rejoint son fils Giora arrivé en janvier 1944. En 1950, la dépouille de Anna est rapatriée en Israël et enterrée au Har Herzl. Un kibboutz, non loin de Natanya, porte son nom, Yad Hana. Il est habité à l’origine par des immigrants de Hongrie. En 1986, sa mère remplit une fiche au nom d’Anna à Yad Vashem. En 1993, la Cour Suprême militaire hongroise abandonne toutes les charges contre Anna Szenes et l’innocente.

Quelques photos prises au Har Herzl

Anna Szenes est devenue une héroïne juive moderne par son courage et sa détermination à sauver les juifs d’Europe durant la Shoah. Les nombreux témoignages cités dans l’exposition virtuelle montrent tous qu’elle n’avait pas peur de mourir, pourvu que les juifs d’Europe sachent que quelque chose était tenté pour les sauver.

Pour voir l’exposition virtuelle : Sioniste, poétesse, combattante : Hannah Szenes, une parachutiste du Yishouv | A travers le prisme de l’histoire – Mini exposition des collections de Yad Vashem

Mais Anna Szenes a aussi laissé de nombreux écrits, textes et poèmes qui sont toujours lus et étudiés aujourd’hui. Parmi ces poèmes, le plus connu est sans doute celui intitulé « Une balade à Césarée  » dont est tiré le texte  » Eli eli che lo igamer leolam » mis en musique par David Zehavi :

Mon Dieu, mon Dieu,
Que jamais ne finissent
Le sable et la mer,
Les eaux jaillissantes,
Le rougeoiement du ciel,
La prière de l’Homme.

photo de couverture : archives photos de Yad Vashem
texte et photos : Valérie Cudkowicz

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