Par-delà le temps et l’espace : le journal d’Ilan Ramon

Le Musée d’Israël propose en ce moment une très belle exposition autour du journal d’Ilan Ramon. On se souvient tous de cet astronaute, le premier israélien à aller dans l’espace et sa fin tragique dans l’explosion de la navette Columbia en 2003. Mais ce qu’on sait moins – moi je ne le savais pas – c’est que son journal de bord a été retrouvé après l’explosion. Alors quand on y pense, il s’agit d’un petit miracle : la survie de papier à l’explosion d’une navette à des centaines de kilomètres dans l’espace… et sa récupération plusieurs mois plus tard dans une petite ville du Texas.

On a parlé beaucoup dernièrement d’espace avec la mission Bereshit vers la lune et le décès de Rona Ramon, la veuve de Ilan. Coincidence ou pas, le Musée d’Israël nous parle aussi d’espace, de miracle, de temps grâce à 3 objets. C’est peu pour une exposition mais chacun est tellement spécial et raconte de telles histoires d’espace, de temps, de survie, de miracle, que cela suffit pour partir à l’aventure.

 

journal Ilan RamonTout d’abord bien sûr il y a le journal d’Ilan Ramon. Après l’explosion de la navette Columbia sur le chemin du retour vers la terre en 2003, la NASA a envoyé des dizaines de scientifiques récupérer les débris éparpillés sur plusieurs milliers de kilomètres carrés. Et c’est dans une petite ville du Texas, San Augustine, que des personnes ont remarqué parmi des débris de la navette, un carnet écrit dans une langue qu’ils ne connaissaient pas. Ils ont alors pensé à Ilan Ramon et à l’hébreu et le journal a été restitué à sa femme. A son tour, Rona Ramon a demandé à un département de la police scientifique de bien vouloir s’occuper des 32 pages retrouvés. En collaboration avec le département de préservation des Manuscrits de la Mer Morte, le journal d’Ilan Ramon a été restauré et préservé. Il est actuellement exposé au musée.

 

journal1 Ilan RamonLe journal d’Ilan Ramon compte une petite trentaine de pages. Il s’agit du carnet qui est donné à chaque astronaute par la NASA avant son départ. Ce qu’on a retrouvé peut se décomposer en 8 pages d’un journal intime écrit à l’encre noire, six pages d’instructions techniques dont l’encre était totalement effacée mais qui ont pu être lues grâce à des techniques spéciales et six pages de notes personnelles comme les mots du kidouch ou des thèmes dont il voulait parler depuis l’espace. Ces dernières pages ont pu être décryptées grâce à un nouveau logiciel sorti peu de temps plus tôt : Photoshop. Dans son journal, Ilan Ramon parle essentiellement de son expérience de l’apesanteur. Il décrit ce qu’il ressent d’être dans l’espace, lui qui était pilote de chasse. Il a également un dialogue « personnel » avec les différents membres de sa famille.

 

 

Ilan Ramon torahIlan Ramon avait également pris avec lui dans la navette différents objets personnels et/ou symboliques : un drapeau de Ramat Gan, sa ville natale, un verre à kidouch, une mezouza, la copie d’un dessin de la lune dessiné par Peter Gintz, un adolescent enfermé à Terezinstadt durant la Shoah. Et il avait aussi pris avec lui un petit rouleau de la torah, à l’histoire extraordinaire. Ce petit rouleau appartenait au professeur Joachim « Yoya » Joseph, un spécialiste de géophysique de l’Université de Tel Aviv, avec lequel Ilan Ramon était en contact. A treize ans, Yoya a été déporté de Hollande au camp de Bergen Belsen où il rencontre le Rav Dasberg. Celui-ci lui propose d’étudier sa paracha dans un petit rouleau de la Torah qu’il a emporté avec lui. Après avoir lu en cachette sa paracha le jour de sa Bar Mitsva, Yoya reçoit du Rav le rouleau de la Torah. Ce dernier lui fait promettre de raconter son histoire après la fin de la guerre. Le Rav Dasberg ne survit pas mais Yoya oui et bien des années plus tard, la petite armoire contenant le rouleau de la Torah attire l’oeil de Ilan Ramon dans le bureau du professeur. Ilan prend le rouleau avec lui dans la navette et raconte au monde entier son histoire lors de la conférence de presse qu’il donne depuis l’espace.

Bien malheureusement, le rouleau est détruit lors de l’explosion de la navette. Mais Rona Ramon découvre quelques années plus tard qu’un rouleau de la Torah identique à celui de Yoya existe aux Etats-Unis. Un professeur de l’Université de Cincinnatti, également originaire de Hollande et lui aussi rescapé de Bergen Belsen l’a reçu de sa tante. Ce rouleau partira dans l’espace en 2006 sur une autre navette et reviendra sur terre. Il est exposé au musée avec son certificat de « voyageur de l’espace ».

 

Le troisième objet exposé fait le lien entre l’espace et le miracle de la survie. Il s’agit d‘un morceau de manuscrit datant du premier siècle avant notre ère et relatant l’histoire de Enoch. Enoch est un descendant de Adam, listé à la 7ème génération. On en parle dans le livre de Bereshit en précisant qu’à l’âge de 365 ans – ce qui est un jeune âge pour l’époque –  » Dieu l’a pris ». Ce mystère de la mort de Enoch a par la suite fait l’objet de nombreuses légendes chez les juifs mais aussi chez les chrétiens. Des fragments de son histoire ont été retrouvés dans les Manuscrits de la Mer Morte. Enoch serait monté à la rencontre de Dieu et aurait décrit dans les détails son ascenssion au dessus de la terre, parmi les étoile…faisant de lui « le premier astronaute «  de l’histoire. C’est d’ailleurs la première fois que ce passage est exposé en public.

 

Ilan Ramon Enoch

 

 

 

Enfin, il y a également dans cette exposition un film qui montre comment le journal d’Ilan Ramon a été sauvé et préservé. Ce travail a duré près d’un an.

Alors si vous allez voir cette exposition, n’hésitez pas à prendre des écouteurs ou à lire les panneaux car derrière ces trois objets se cachent de nombreuses et fascinantes histoires.

 

texte : Valérie Cudkowicz
photos : Musée d’Israël
juin 2019

 

 

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