Zikaron basalon le devoir de mémoire 2.0

Il y a quelques jours seulement, on se retrouvait en famille autour de la table du Séder pour raconter la sortie d’Egypte et la « création  » du peuple juif. Raconter, se souvenir, transmettre sont des valeurs importantes de la culture juive. Voilà pourquoi le Zikaron basalon est une nouvelle façon de se souvenir de la Shoah et de la transmettre aux jeunes générations.

Le 14 Nissan ou 19 avril 1943 a eu lieu le soulèvement du ghetto de Varsovie. Cette date a été choisie en 1953, sous l’impulsion du 1er ministre David Ben Gourion et du président Ytzak Ben Zvi, pour devenir le Yom Hashoah, jour du souvenir des victimes de la Shoah. A 10h du matin, une sirène de 2 minutes fige le pays tout entier. Tout le monde a vu ces images à la télé, mais le vivre en direct est une toute autre expérience.

Cette année, Yom Hashoa sera commémoré le jeudi 2 mai 2019. La vieille au soir est organisée une cérémonie à Yad Vashem durant laquelle 6 rescapés de la Shoah allument 6 torches. D’autres cérémonies ont lieu à travers la ville. Le matin, au moment de la sonnerie, les écoles ont l’habitude de réunir leurs élèves dans la cour et de faire une cérémonie spéciale. A Roglit, à coté de Beit Shemesh se déroule chaque année à 10h une cérémonie organisée par l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France en présence de représentants des autorités françaises. A 14h a lieu une autre cérémonie organisée par Alumim, l’association des enfants cachés.

En 2010, des jeunes se sont réunis dans un salon et ont décidé de commémorer Yom Hashoah à leur façon en donnant la parole à un survivant. C’est ainsi qu’est né le concept de Zikaron basalon, qui veut dire – le souvenir dans un salon. Depuis cette initiative a fait boule de neige et aujourd’hui on compte plus de 50 pays à travers le monde où se tiennent de telles soirées. Elles ont lieu dans différentes langues permettant à chacun de trouver un endroit où aller. Au moment où les derniers témoins directs s’éteignent petit à petit il est non seulement nécessaire mais obligatoire de leur donner la parole, de venir les écouter pour pouvoir à notre tour transmettre à la génération suivante. Mais un Zikaron basalon n’est pas une simple conférence. Chaque participant est encouragé à s’exprimer – par les mots mais aussi par d’autres formes comme la musique ou l’art. C’est avant tout une opportunité d’échanger sur le thème de la Shoah, de partager des récits mais aussi des émotions, des ressentis, des questionnements.

J’ai organisé mon premier Zikaron basalon l’année dernière. Plus d’une quarantaine d’amis et d’inconnus sont venus écouter Mireille Sprung qui a parlé de son enfance de petite fille juive cachée à Paris pendant la Shoah. L’assistance est restée silencieuse durant tout son récit puis lui a posé des questions. D’autres personnes ont ensuite pris la parole pour raconter leur histoire ou celle de proches. J’avais commencé la soirée en parlant du parcours de ma mère et de sa famille, aidées et cachées par des non-juifs, nommés Justes parmi les Nations cinquante ans plus tard. J’avais fait passer dans l’assistance l’étoile jaune de mon grand oncle et je dois dire que pour la plupart des personnes présentes c’était la première fois qu’ils en voyaient une en vrai et qu’ils pouvaient la toucher.

Je vous conseille vivement d’assister, et surtout avec vos ados, à une telle soirée. Il en existe partout en Israël. Vous pouvez trouver un Zikaron basalon près de chez vous en consultant leur site : www.zikaronbasalon.org.

Pour ma part, j’organise à nouveau cette année une soirée le mercredi 1er mai 2019 à 20h à Pisgat Zeev. Michel Openheimer viendra nous parler de son parcours d’enfant juif né en Allemagne et déporté en France en 1940 dans le camp de Gurs dans les Pyrennées Orientales.
Pour vous inscrire à cette soirée, cliquez sur le lien : https://zikaronbasalon.herokuapp.com/he/pages/host_register_link?id=7915

texte et photos : Valérie Cudkowicz

Sur la photo : ma mère Mireille Bloch z”l, ses parents René et Carmen Weil z”l ( à droite) et son oncle et sa tante Marcel et Hélène Marx z”l en 1944 à Massiac. A gauche l’étoile jaune de mon grand-oncle Michel Levy z”l le frère de ma grand-mère. Ils ont été sauvés car aidés par des Mensch qui leur ont permis de se cacher et de se nourrir. Trois d’entre eux ont été nommés Justes Parmi les Nations Paul Dousselin, son fils Jean-Michel Dousselin et Antoinette Nicolas.

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