expo fleurs

"Fleurs" la nouvelle exposition de la Bibliothèque Nationale

Vous ne le savez peut-être pas, mais il est interdit de faire rentrer des fleurs dans le bâtiment de la Bibliothèque Nationale d’Israël. Cela, sans doute pour prévenir d’éventuelles petites bêtes de manger le papier de tous les trésors gardés dans ce lieu. Et pourtant, des fleurs, il y en a des milliers, voir des millions dans les pages des livres et archives.

La Bibliothèque Nationale présente en ce moment, une nouvelle exposition temporaire intitulée « Fleurs ». Comme l’a expliqué la curatrice de l’exposition, il existe un lien entre les jardins et les bibliothèques. Même si on connaît bien l’endroit, on découvre toujours une nouvelle fleur ou un nouveau livre dans un coin. Et chaque saison apporte une vision différente des lieux. Mais la nature est également un élément important dans l’histoire d’Israël, et cela même bien avant la création du pays. 

La première chose que l’on remarque en entrant dans la salle consacrée à cette exposition, est la très belle oeuvre de Shelly Freiman, un jardin en origami. A la fois colorée et légère, elle attire l’oeil et on a presque envie de sentir l’odeur de ses fleurs en papier.

Mais l’exposition retrace plusieurs travaux autour des fleurs, du 19ème siècle à nos jours. A la fin des années 1800, il était très commun de faire sécher des fleurs dans des albums et de les assembler en bouquet. Elles servaient alors à illustrer des livres ou des cartes que l’on envoyait à l’étranger. Un souvenir d’Israël, qui accompagne des textes religieux juifs et chrétiens. A cette époque, cette pratique – qui durera jusque dans les années 1970 – est un véritable business et permet à beaucoup de locaux de vivre.

Puis au début du 20ème siècle, on étudie de façon plus rapprochée la nature. On répertorie la flore dans des livres dont la célèbre encyclopédie « Flora Palestina ». On en découvre ici quelques pages de fleurs dessinées. A cette époque, on préfère d’ailleurs répertorier les fleurs en les dessinant plutôt qu’en les photographiant, cela permettait de se focaliser sur certains détails intéressants tout en omettant d’en représenter d’autres moins utiles. Les couleurs de la peinture donnent aussi des nuances plus riches que celles de la photographie. L’intérêt scientifique pour les fleurs conduit à la création d’un jardin botanique à Jérusalem en 1929.

Mais quelques décennies plus tard, dans les années 1970, on se rend compte que cette habitude de cueillir partout les fleurs, nuit gravement à la préservation de la nature. Le KKL décide alors de lancer une campagne publicitaire pour sensibiliser les israéliens à ne plus cueillir de fleurs. Les écoles sont particulièrement visées avec de nombreuses activités tournant autour de l’amour de la nature et de la préservation de la flore. On espère ainsi que les jeunes élèves « éduqueront » leurs parents à protéger la nature. Pour cette campagne publicitaire, on fait venir spécialement  deux dessinatrices – Heather Wood et Mary Grieson – du Royal Botanic Garden de Londres, pour dessiner 400 fleurs sauvages. Trente-quatre seront retenues pour l’affiche. Il y a deux ans, les 400 dessins ont été retrouvés dans les archives de la Bibliothèque Nationale. Seize sont exposés.

Mais il y a aussi, dans cette exposition, le manuscrit – « Die Flora der Juden » – de Immanuel Löw, rav de Szeged en Hongrie au début du 20ème siècle. C’est lui qui a donné les noms hébreux de beaucoup de fleurs et de plantes sauvages mentionnées dans les livres religieux. C’est d’ailleurs lui qui donna son nom hébreu à l’anémone, en l’appelant « kalanit ».

Et cela fait le lien avec une autre partie de l’exposition, consacrée à la place des fleurs dans la culture israélienne et notamment dans la musique et les chansons. On connaît tous la chanson populaire  » Kalaniot », dont on peut découvrir la partition originale, mais il y a aussi beaucoup de chansons enfantines qui parlent de fleurs. D’ailleurs voici une petite anecdote peu connue à propos d’une chanson sur la nature, « hatiyoul hakatan » de Naomie Shemer. Cette chanson qui était chantée dans toutes les écoles, a subit une petite transformation suite à la campagne publicitaire contre le cueillage des fleurs. Les paroles sont passées de « les fleurs qu’on cueille » à « les fleurs qu’on compte ». Si vous avez été bercé par des chansons de fleurs, vous apprécierez de faire une petite pause devant le film d’animation de Anat Gutberg et Roy Avital qui reprend des extraits de chansons sur la nature.

Mais comme les événements actuels ne sont jamais loin, il y a aussi dans cette exposition, un film intitulé  » Nir Oz : les fleurs de la rédemption et du deuil », tiré du livre éponyme. Le documentaire montre les jardins de ce kibboutz martyre du 7 octobre, qui refleurissent.

Bref, c’est une très belle exposition qui permet de se plonger dans la nature durant quelques instants. Et en ce moment, ces temps de pause, font le plus grand bien.

Pour en savoir plus : יש פרחים: בין דפי הספרייה הלאומית

 

Jusqu’au 12 août 2025, la Bibliothèque Nationale propose « Jardin secret », une activité pour les enfants de 5 à 11 ans, qui tourne autour de son exposition temporaire, avec des ateliers créatifs, des jeux et la visite de l’exposition.

Pour en savoir plus : הגן הסודי | קיץ לילדים ולכל המשפחה בספרייה הלאומית

 

Photos et texte : Valérie Cudkowicz – août 2025

Des questions, des commentaires sur cet article?
Contactez-nous 

Contactez-Nous