
"Yehoram Gaon", une exposition "nehederet"
La période que nous vivons n’est pas facile pour les institutions culturelles, et notamment les musées qui ne voient pas beaucoup de touristes arriver. La maire de Jérusalem, Moshé Lion, a donc eu l’idée de suggérer au musée de la Tour de David, de monter une exposition qui s’adresse peut-être un peu plus aux visiteurs locaux et qui reste dans le thème de cette institution reconnue de la capitale qui est de présenter l’histoire de Jérusalem. Et c’est ainsi que l’exposition « Yehoram Gaon » a vu le jour, comme un partenariat entre la municipalité de Jérusalem et le musée de la Tour de David.
Tout le monde connait Yehoram Gaon, cet artiste israélien, né en 1939 à Jérusalem et qui est présent dans le monde de la culture depuis près de 70 ans, en tant que chanteur, acteur, réalisateur, présentateur etc… D’ailleurs en descendant les marches qui mène à l’exposition et avant d’entrer dans les salles qui la composent, on passe devant une longue frise chronologique sur le mur qui reprend toutes les dates importantes dans sa carrière : sortie de disques, de films, remise de prix etc…
Puis on entre dans le vif du sujet avec un casque sur les oreilles. En effet, l’exposition se veut très interactive avec de nombreux écrans sur lesquels on peut voir et entendre des chansons, des extraits de films, des interviews etc… C’est Yehoram Gaon lui-même qui fait la visite, en racontant son histoire qui est aussi celle d’Israël. On suit donc son parcours de Juif dont la famille était originaire d’Espagne, ce qui l’a inspiré à chanter en ladino et à faire revivre cette langue dans la culture israélienne. On le voit sur une photo lors de son premier rôle à l’âge de 8 ans, dans un spectacle de Shavouot à l’école ( photo ci-dessous). Il fait l’armée dans la troupe de l’unité Nahal. C’est la pièce, puis le film Kazablan, tourné en 1966 qui lancera véritablement sa carrière d’acteur. Bien sûr la liste des tubes et des films à succès est longue, mais on en redécouvre, avec plaisir, certains sur les murs de l’exposition.
Il faut aussi savoir que Yehoram Gaon est quelqu’un qui garde une trace de tout ce qu’il fait. Et la tâche a d’ailleurs été difficile pour la curatrice de l’exposition, Tal Kobo, de faire une sélection dans toutes ces archives et objets personnels. Ainsi, il y a par exemple, exposés sur un mur, les chapeaux de ses films, dont la fameuse casquette de Kazablan.




A la fin de cette partie de l’exposition, juste à la sortie, on trouve un studio d’enregistrement en verre avec 4 micros. Les artistes en herbe, et les autres, peuvent y chanter une chanson de Yehoram Gaon, dont les paroles passent sur l’écran comme dans un karaoké. Sachez qu’il est aussi possible de récupérer la vidéo de son interprétation sur son téléphone. Heureusement pour les autres visiteurs, le studio est phonétiquement conçu pour ne pas perturber ceux qui passent à proximité….


L’exposition Yehoram Gaon se poursuit de l’autre côté du musée, dans une petite salle équipée de 3 écrans, de bancs et de poufs pour s’asseoir. Là, on y découvre des extraits des 3 films que l’artiste a consacré à Jérusalem, sa ville de naissance et de coeur : « Je suis Jérusalem », » De Toled à Jérusalem » et » Je ne suis plus Jérusalem ». Il y exprime et notamment dans le 1er tourné en 1971 – à travers des images d’archive, des interviews et bien sûr certaines de ses chansons – la fierté qu’est la sienne après la Guerre des 6 Jours de 1967, d’être de retour à Jérusalem.
Ensuite, il est évidemment conseillé de monter sur la Tour Phasael pour avoir une magnifique vue à 360 degrés sur Jérusalem. Et en plus, les chansons de Yehoram Gaon résonnent sur ce paysage magique.
J’ai eu la chance, à la fin de ma visite, de rencontrer le maire de Jérusalem, Moshé Lion, et Yehoram Gaon, 2 amis de longue date Ce dernier a expliqué qu’il était très content et ému de cette exposition qui lui permettait d’exposer une partie de ses archives. Il a révélé aussi qu’il ne regardait que très rarement ses films ou des vidéos de lui. En effet, étant très perfectionniste, il lui est presque impossible de dire que ce qu’il a fait ou continue à faire est bien. Donc il préfère garder une distance avec ce qu’il fait. Mais il a également raconté que cette exposition lui a aussi posé un petit challenge auquel il n’avait pas pensé. Généralement quand il reçoit un prix – comme le Prix d’Israël qu’il reçoit en 2004 – il base son discours sur celui de ses prédécesseurs, un espèce de copier-coller avec des notes plus personnelles. Mais dans le cas de l’inauguration de cette exposition – qui a eu lieu quelques heures après cette visite – il n’avait pas de quoi s’inspirer, car il est très rare pour une personne d’avoir le privilège d’une exposition de son vivant…. Je ne me fais toutefois pas de soucis, il a dû bien s’en tirer.


Enfin il est à noter pour finir, que différentes activités tournent autour de cette exposition, comme des visites guidées bien sûr, mais aussi des événements plus originaux, comme 2 soirées de danses israéliennes sur les chansons de Yehoram Gaon.
Je vous conseille donc vivement cet événement, car il est intéressant de constater que Yehoram Gaon est vraiment une icône de la culture israélienne. En effet, même s’il a 86 ans, les plus jeunes connaissent ses chansons et ses films. Il est vraiment un artiste inter-générationnel, ce qui n’est pas si fréquent de nos jours où les artistes passent souvent plus vite que leurs chansons.
Voilà donc des raisons supplémentaires pour aller la visiter, seul, entre amis ou même en famille avec des jeunes ou moins jeunes enfants.
Plus d’infos : יהורם גאון: התערוכה – מגדל דוד מוזיאון ירושלים
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Texte et photos : Valérie Cudkowicz
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