
"Toucher la mémoire" : le nouveau projet théâtral de Yad Vashem
Yad Vashem est un musée en constante évolution. En effet, comment raconter des événements qui se sont passés depuis plus de 80 ans et dont les derniers témoins directs disparaissent malheureusement? Mais aussi, comment attirer les plus jeunes à découvrir de nouveaux aspects et enjeux de cette histoire passée? Et enfin, comment faire revenir des visiteurs, pour qui une visite ne suffit généralement pas à faire le tour du musée?
C’est ainsi que Yad Vashem a développé ces derniers mois, 2 nouveaux projets. Un son et lumière dans la Vallée des Communautés, dont j’ai déjà parlé dans l’article : Nouveau : Son et Lumière à Yad Vashem – JérusalemFutée. Mais il y a aussi « Toucher la mémoire », une série de pièces de théâtre qui font désormais partie des visites guidées de groupes mais que l’on peut aussi voir séparément lors d’une visite individuelle.
J’ai eu la chance, il y a quelques jours, de voir une de ces pièces « Bear et le jouet clandestin ». En arrivant dans ce nouvel espace théâtral, qui se trouve à côté de la salle contenant le Livre des Noms, on commence par s’asseoir en face d’un mur contenant quelques objets – une poupée, un accordéon, un appareil photo, etc .. – et on assiste à la projection d’un court film qui retrace la sauvegarde de ces objets personnels qui racontent chacun une histoire vécue durant la Shoah.
Et c’est là un des buts principaux de ce nouveau projet : raconter ce qui s’est passé durant la Shoah, mais non au niveau des 6 millions de Juifs qui y ont laissé leur vie, mais au niveau individuel.
On entre ensuite dans un petit théâtre et la pièce commence.
« Bear et le jouet clandestin » raconte l’histoire vraie de Fred Lessing et de son nounours durant la Shoah. Fred est placé dans une famille par ses parents afin de le protéger. Il n’emporte avec lui que son nounours en peluche, qui devient son ami, son confident. Quand Fred est déprimé, Bear le fait voyager à la rencontre d’autres jouets qui font partie « de la résistance des jouets ». Il y a le jeu d’échecs qu’un papa sculpte sur des bouts de bois pour distraire son fils. Il y a le canard en bois qui sert à passer des papiers, et la poupée dans laquelle de l’argent est caché. Le dialogue entre Fred et Bear trouve un écho dans les projections qui apparaissent sur les murs du fond de la scène et avec lesquelles l’acteur interagit de façon interactive en intégrant ces décors à l’histoire.
C’est une très jolie pièce avec une belle performance d’acteur qui donne vraiment vie à cet ours en peluche. Mais c’est aussi une façon d’entendre des histoires de résilience, de survie, et qui ont un écho tout particulier en ce moment en Israël.
Les autres pièces qui sont jouées sont :
* Unetaneh Tokef : un drame inspiré de l’histoire de Naftali Stern et du livre de prières qu’il a écrit au camp de Wolfsberg
* Leo : artiste de la vérité et du mensonge : inspiré de la vie de Leopold Leo Haas, dont les peintures ont servi lors du procès Eichmann
* Le curateur : inspiré de la vie de Zmira Abukasis et de la transmission en Afrique du Nord
Les pièces sont jouées en hébreu. « Leo : artiste de la vérité et du mensonge » est également jouée certains jours en anglais.
Pour plus d’infos et réservation : לגעת בזיכרון: תאטרון חדש נחנך ביד ושם
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