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Quand on parle de la Shoah, on pense bien sûr souvent au musée de Yad Vashem à Jérusalem. Il est en effet, LE musée de référence pour apprendre, connaitre, transmettre les événements et la mémoire de cette époque. Et je suis sure que si vous y avez déjà été, vous avez visité le musée principal et peut être aussi le Mémorial des Enfants, cette crypte plongée dans le noir, juste illuminée des flammes vacillantes de dizaines de bougies et où s’égrainent le nom et l’âge des enfants assassinés.

Mais Yad Vashem c’est tout un campus. Et on y trouve bien d’autres endroits qui valent de s’y arrêter. C’est là que je voudrais vous emmener faire un petit tour en l’honneur de Yom Hashoah qui a lieu cette année le jeudi 12 avril 2018.

Le musée d’art de la Shoah

Je dois avouer que c’était la première fois que je rentrais dans cette partie de Yad Vashem. Le musée d’art de la Shoah ressemble à tous les musées qui exposent des oeuvres d’art. Plusieurs salles se succèdent et présentent des tableaux et quelques sculptures.

Mais ici les oeuvres racontent une double histoire. D’abord il y a ce qu’on voit sur le tableau : une caricature de Hitler, des paysages colorés ou des visages aux yeux écarquillés et aux regards perdus. Mais elles nous racontent aussi et surtout la vie, souvent trop courte, de leur créateur. Ce père de famille qui dessina des dizaines de scènes de la Bible pour sa petite fille de 2 ans et qui ne revint jamais avec sa femme des camps, mais dont la petite, sauvée car cachée dans une famille catholique, découvre l’existence en rentrant chez elle après la guerre. Les oeuvres de cette jeune fille réfugiée en France alors que son père a été arrêté et qui dessine ce qui l’entoure pour ne pas avoir à en parler. Bref autant d’oeuvres que d’histoires humaines à voir mais aussi à écouter à travers des films.

Le pavillon des expositions – ” Flashs de mémoire – la photographie pendant la Shoah”

Dans ce pavillon qui se trouve en face du musée d’art de la Shoah, se déroule en ce moment une très belle et intéressante exposition de photos. Des centaines, voire des milliers de photos sont exposées retraçant ainsi la vie des juifs avant la Shoah, pendant et après.

L’exposition montre à la fois 3 perspectives :

Celle des nazis qui utilisèrent la photographie et les films comme outil de propagande antijuive mais aussi pour cacher leurs crimes. C’est ainsi que l’on voit dans un petit film en noir et blanc comment ils choisissent un “joli” appartement dans un des ghettos, dressent une jolie table avec des mets en abondance – ceux que même les allemands ne trouvent plus – et montrent ainsi que non seulement les juifs vivent bien dans les ghettos mais même mieux que la population allemande.

Celle des juifs qui photographient leur quotidien dans les ghettos pour laisser une trace. Certains le font au risque de leur vie en cachant leur appareil, d’autres sur commande pour des “raisons administratives” pour les autorités juives ou allemandes des ghettos.

Celle enfin des alliés qui libèrent les camps de concentration et découvrent pour la première fois les horreurs perpétrées par les nazis. Chaque unité avait son propre photographe et c’est souvent grâce à eux que ce qui se passait dans les camps a été transmis et publié.

Le Jardin des Justes

Vous le savez sans doute, des hommes et des femmes ont tout au long de la Shoah, sauvés des juifs. Que ce soit au risque de leur propre vie ou tout simplement par un petit geste, même un regard qui en disait long, ils ont permis à certains de survivre ou juste de vivre un peu plus longtemps ou un peu mieux. Sur le campus de Yad Vashem, certains des arbres plantés portent le nom d’un ou d’une de ces Justes. Mais l’espace étant limité, un Jardin des Justes a été érigé. Classés par pays et inscrits dans la pierre à tout jamais, le noms des Justes parmi les Nations nous prouvent que certains ont su rester des “mensch” même pendant ces temps troubles et difficiles.

Au 1er janvier 2017 il y avait 26 513 noms d’inscrits dont 3 999 français. Il n’est d’ailleurs jamais trop tard pour rendre hommage à ces héros dont on ne parle pas souvent dans les livres d’histoire et faire reconnaitre une personne comme Juste parmi les Nations.

Personnellement j’ai eu la chance d’aider mon grand-père au début des années 2000 à obtenir la médaille des Justes Parmi les Nations pour ceux qui l’avaient aidé à survivre lui et sa famille pendant la guerre. M. Paul Dousselin, son patron qui l’a gardé dans son entreprise malgré les lois anti juives et a mis à sa disposition une ferme pour se cacher et de quoi se ravitailler. Son fils Jean-Michel Dousselin qui est allé récupérer mes arrière-grand-parents avec sa charrette à cheval en plein milieu de la nuit pour les conduire à la gare d’où ils ont pu prendre le train pour regagner le reste de la famille. Et Antoinette Nicolas qui a caché  et nourri mes arrière-grand-parents plusieurs semaines alors que la milice était installée au rez-de-chaussée de sa ferme.

La Vallée des Communautés

Tout à l’opposé de l’entrée de Yad Vashem, se trouve la Vallée des Communautés. Cet endroit très spécial est en fait “une carte ” des communautés juives en Europe en 1939. Dans un dédale de murs de pierres, on découvre sur des plaques, les noms des communautés juives qui existaient avant la Shoah. Certaines ont évidemment disparu, et notamment dans les pays de l’Europe de l’Est. D’autres, ont refleuri après la guerre.

Il est intéressant de noter que la France occupe un tout petit espace avec 3 mursSur 2 de ces murs, on retrouve les noms des communautés d’Alsace et de Lorraine. La plupart d’entre elles ont survécu à la guerre et ont continué à fonctionner encore plus ou moins longtemps après le retour des juifs dans cette partie de la France. Puis, la plupart se sont éteintes faute de juifs et à cause de l’exil vers les grandes villes comme Strasbourg, Colmar, Mulhouse, Metz ou Nancy. J’ai eu la chance de passer toute mon enfance dans la communauté juive de Brumath où mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient hazan.

Alors la prochaine fois que vous irez à Yad Vashem, prenez un peu de temps pour découvrir tous ces endroits très symboliques et forts en émotion.

Plus d’informations sur le site : http://www.yadvashem.org/

Yad Vashem
Du dimanche au mercredi de 8h30 à 17h, le jeudi de 8h30 à 20h, les vendredi et veille de fête de  8h30 à 14h

Le plan de Yad vashem

8. Musée d’art de la Shoah
10. Pavillon des expositions
23. Vallée des communautés
29. Jardin des Justes parmi les Nations

1. Centre d’accueil des visiteurs
2. Librairie et ressources
3. Restauration
4. Allée des Justes parmi les Nations
5. Musée d’histoire de la Shoah
6. Salle des noms
7. Place de l’Espérance
9. Synagogue
11. Centre de documentation visuelle
12. Centre d’étude
13. Crypte du souvenir
14. Colonne de l’héroisme
15. Mémorial des enfants
16. Place Janusz Korczak
17. Bâtiment des archives et de la bibliothèque
18. Place de la famille
19. Ecole internationale pour l’enseignement de la Shoah
20.Le bâtiment de l’administration et de la recherche
21. Monument en l’honneur des soldats et partisans juifs
22. Panorama des partisans
24. Wagon à bestiaux – mémorial des déportés
25. Place du ghetto de Varsovie – mur du souvenir
26. Ambulance suédoise
27. Monument érigé en hommage au Chambon-sur-Lignon
28. Monument érigé en hommage à Nieuwlande

 

Texte et photos : Valérie Cudkowicz

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