musee karaites

Découvrez le musée des Karaïtes

J’ai vu dernièrement une publicité pour visiter le musée des Karaïtes à Jérusalem. Alors si le mot ne m’était pas tout à fait inconnu, j’avoue que je ne connaissais rien à ces Juifs qui ne vivent pas leur judaïsme comme la plupart de nous le faisons. Je suis donc allée visiter ce musée qui se trouve dans la vieille ville de Jérusalem.

Attention, il n’est pas facile à trouver car une fois dans la rue Tiferet qui mène de la place de la Hurva au haut des escaliers qui descendent vers le Kotel – la rue dans laquelle il y a tous les restaurants – il faut monter des escaliers qui se trouvent sur la droite et le musée est dans la rue au dessus.

On entre dans le musée par le petit auditorium dans lequel on peut voir un film sur l’histoire de la communauté karaïte, avant de descendre dans le musée proprement dit.

 

Différents panneaux expliquent, en anglais et en hébreu, les différentes coutumes de cette communauté qui ne suit que la Torah écrite et pas, comme le reste des Juifs, la Torah  orale – les explications et commentaires contenus dans la Mishna, le Talmud et le Midrash. C’est ce qui fait leur particularité jusqu’à aujourd’hui. Les karaïtes sont installés à Jérusalem depuis le 8ème siècle de notre ère. C’est d’ailleurs toujours ici, dans le musée même, que se trouve la plus ancienne synagogue karaïte toujours en fonction.

Pour les Karaïtes, la Torah écrite, celle donnée à Moïse au Mont Sinaï, est la seule source qui dicte les règles à suivre. De ce fait, la fête de Hanouka n’existe pas pour eux et ils ne la fêtent donc pas, puisqu’elle n’est pas mentionnée dans la Torah. De même, il existe une égalité entre l’homme et la femme vis à vis de la pratique religieuse et cette dernière peut donc sans problème diriger une prière, lire dans la Torah, pratiquer la circoncision ou donner son avis halahique. D’ailleurs il est intéressant de voir que jusqu’à aujourd’hui, la mariée signe la ketubah, l’acte de mariage, au même titre que son futur époux.

La tradition karaïte est fondée sur 3 principes :
* l’écriture, celle de la Torah,
* l’analogie, le fait que chacun est libre de l’interprétation de ce qui est écrit
* la tradition

Par exemple, les Karaïtes n’allument pas de bougies de chabat. Jusqu’au 15ème siècle, ils passaient chabbat dans le noir, puisqu’il est écrit qu’on ne doit pas allumer de feu. Encore aujourd’hui, certains ne réchauffent pas de plats durant chabat, n’utilisent pas de chauffage durant l’hiver et ne s’éclairent qu’avec des lampes led sur batterie. 

La détermination du calendrier est également différente pour les Karaïtes. En effet, ils n’ont pas de calendrier pré-établi comme il en existe un dans le reste de la communauté juive. Ils ne déclarent le nouveau mois qu’une fois que l’un d’eux témoigne d’avoir vu, de ses yeux, la nouvelle lune. Le début de l’année est elle déterminée directement en observant le dégré de maturation du blé. Le compte de l’Omer – les 49 jours qui séparent les fêtes de Pessah et de Shavouot – est également différent. Le compte des jours ne commence qu’après le 1er chabat suivant la fête de Pessah, ce qui fait que Shavouot est toujours célébré un dimanche chez les Karaïtes.

Une autre différence est observée dans la manière de prier. Comme on peut le voir dans la Synagogue qui se trouve au 2ème niveau, il n’y a pas de chaises. Les sols sont recouverts de tapis. Comme cela se faisait chez tous les Juifs avant le 9ème siècle, les Karaïtes prient pieds nus et en s’agenouillant. Ce rite, qui ressemble fort à celui des musulmans, a été abandonné par les autorités religieuses au 9ème siècle, mais persiste encore chez les Karaïtes.

Tout au long du musée, il est possible de voir et d’écouter des petites vidéos qui racontent les différents aspects de la vie des Karaïtes. Il est aussi possible d’écouter des piyutim, chants liturgiques.

On estime qu’il y aurait actuellement en Israël, environ 35 000 Juifs Karaïtes et 13 synagogues en fonction, notamment dans certains moshavim.

La visite de ce musée est une plongée dans un univers peu connu mais passionnant.

Pour en savoir plus : ירושלים | מרכז מורשת בני מקרא | Karaite Heritage Center (heritage-center.org.il)

Voici un petit reportage sur la communauté Karaïte en 2018

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