Shtissel

J'ai rencontré le vrai Akiva Shtisel !

Vous avez sans aucun doute vu ou au moins entendu parler de la série israélienne Shtisel. Elle a été diffusée pour la première fois en 2013 sur la chaine Yes et a connu ensuite un succès international sur le réseau Netflix. Shtisel raconte l’histoire d’une famille ultra-orthodoxe, les Shtisel, qui vit dans le quartier de Geula à Jérusalem. Le père, Shulem Shtissel, directeur d’une école religieuse pour garçons, est veuf et vit avec son fils non marié, Akiva qui est peintre, ce qui dans ce milieu est un peu spécial. La série suit donc les différents membres de la famille, tiraillés entre le respect des traditions et des lois et parfois leur propre envie de faire les choses différemment.

Avant de vous raconter ma rencontre, je réponds à la question que vous vous posez surement : comment je sais que Motta Brim, le peintre que j’ai rencontré à la Biennale de Jérusalem, est le vrai Akiva Shtisel? 
Motta Brim est un juif harédi qui vit à Geula et qui est peintre. Cela fait 8 générations que sa famille est installée à Jérusalem. Tout comme Akiva Shtisel, le père de Motta est directeur d’un heder, une école religieuse pour garçons. Tout comme Akiva Shtisel, Motta a été professeur dans un héder avant de se consacrer complètement à la peinture. Il expose dans différents musées et notamment a déjà été exposé au Musée d’Israël. Enfin, un des réalisateurs de la série a été l’assistant professeur de Motta Brim quand ce dernier enseignait. Motta est également remercié au générique de la série…..Bon c’est assez de preuves je pense.

Alors Motta Brim raconte qu’il est né avec un crayon dans la main. Depuis tout petit il dessine. Né en 1959, dans une famille de 12 enfants, il se souvient être allé après la Guerre des Six Jours de 1967, dans la vieille ville de Jérusalem, jusqu’au Kotel. En rentrant chez lui, il l’a reproduit en pâte à modeler, tellement il avait été fasciné par cette vision. Il aimait aussi les silhouettes des femmes arabes et notamment une d’une femme arabe voilée qui portait sur la tête un panier d’oranges. Il en avait d’ailleurs fait une sculpture en pâte à modeler. Mais malheureusement quelques jours plus tard, il avait découvert que sa petite soeur l’avait détruite, voulant à son tour jouer avec la pâte à modeler. Mais jusqu’à ce jour, il n’a pas oublié cette silhouette et rêve toujours de la reproduire, peut être cette fois en peinture.

Contrairement au personnage d’Akiva dans la série, Motta Brim dit qu’il a toujours été soutenu et encouragé par ses parents. Il raconte même, pour preuve, qu’il aimait peindre en entendant le bruit de l’eau qui coule. Ainsi cela lui arrivait d’ouvrir le robinet de la cuisine et de laisser couler l’eau plusieurs heures en continu pendant qu’il peignait, sans que ses parents ne lui fassent aucune réflexion.

 

Motta Brim participe à la 5ème Biennale Internationale de Jérusalem. A cette occasion, il a été invité à s’installer dans un studio aménagé dans l’ancien bâtiment de Shaarei Tzedek qui abrite la Biennale. Et il s’y est vraiment installé car il y a aménagé un lit et de quoi y rester de longue heure. 

Le thème de la Biennale est « Arba Amot », 4 coudés, une référence à l’espace privé dans la halacha juive. Motta a donc visité plusieurs maisons afin de les reproduire en peinture pour la Biennale. Il a aussi décidé de peindre l’intérieur de la maison de sa mère et de reproduire le carrelage du salon, par terre dans son atelier.

Mais il expose également d’autres tableaux.

Des auto-portraits
Celui sur la photo de droite que l’on voit juste derrière lui, il l’a peint de façon un peu spéciale : en se regardant dans un miroir, comme pour tous les auto-portraits, mais sans tourner la tête, en peignant le coude plié en arrière et la toile installée dans son dos…

Motta Brim adore faire des halloth – un petit film vidéo le montre à l’oeuvre à l’entrée du bâtiment sur le mur d’écrans. Il encadre parfois, le papier sulfurisé sur lequel il cuit ses halloth car il trouve que les formes sont comme une oeuvre d’art.

Comme beaucoup de personne, Motta n’aime pas les payer ses factures. Il en a donc fait un tableau. Si vous regardez de plus près, il s’agit d’un assemblage de factures en tous genres. Et le personnage qui est représenté  sur les factures a été fait …. avec de la boue…pour marquer son dégoût.

Et voici la dernière oeuvre en date de Motta Brim, peinte la veille de notre rencontre, soit le 10 novembre 2021. Il s’agit de la vue sur les toits du quartier que l’on a depuis celui de l’ancien hôpital Shaarei Tzedek dans lequel il a son studio.

Pour finir, je dirai que je suis totalement convaincue que Motta Brim est le modèle qui a servi à la création du personnage d’Akiva Shitisel. Comme lui il est tout à la fois excentrique et attachant. Un artiste quoi. 

Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander s’il avait vu la série Shtisel. Il a trouvé que c’était une très bonne question et m’a répondu en riant qu’il en avait vu 2 épisodes seulement. Mais que de ce dont on lui avait parlé, l’avait persuadé qu’il était bien le modèle dont les producteurs s’étaient inspirés. Par contre ce n’est pas lui qui a peint les tableaux que l’on voit dans la série. Encore un autre artiste à découvrir…

Si vous voulez en savoir plus sur Motta Brim, rendez-vous à la Biennale Internationale de Jérusalem : 5ème Biennale Internationale de Jérusalem – JerusalemFutee

Motta Brim a également une page Facebook : Motta Brim | Facebook

Et si vous avez aimé la série, sachez qu’il existe ( en éspérant qu’il n’a pas fermé pendant la crise de la covid ) un restaurant Shtisel, comme celui de la série, et d’après lequel la série a été nommée. On y mange d’ailleurs très bien : J’ai mangé chez Shtisel – JerusalemFutee


Texte et photos : Valérie Cudkowicz – novembre 2021

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