Mémorial Har Herzl

Mémorial des soldats à Har Herzl : parce que chaque individu a un nom

C’est la nouvelle tendance, du moins en Israël, dans les sites commémoratifs en souvenir des soldats tombés pour le pays : donner une place à chacun, le nommer par son nom, plutôt que de ne raconter que l’histoire globalement. On l’a déjà vu à Guivat Hatarmoshet, le site commémoratif de la Guerre des Six Jours en 1967, avec la salle contenant la photo de chaque soldat tombé et certaines de leurs affaires personnelles, ainsi que les témoignages personnels qui accompagnent les explications plus générales sur le déroulement des événements.

C’est aussi l’optique prise dans la réalisation du mémorial du Mont Herzl qui rappelle le souvenir de tous ceux tombés en service pour Israël. Ce monument se trouve à l’entrée du cimetière militaire du Mont Herzl, qui commémore sur un même lieu, les victimes de la Shoah à travers le musée Yad Vashem, les soldats tombés pour Israël et les dirigeants du pays.


Le mémorial compte à ce jour plus de 23 600 noms. Il regroupe les personnes mortes en service de 5 corps constitués : l’armée, la police, le Mossad ( les services secrets extérieurs ), le Chabak ( ( les services secrets intérieurs) et le Chabass ( service des prisons ).

Le mémorial a été dessiné par l’architecte Etan Kimmel. Dès l’entrée des symboles forts accueillent les visiteurs comme cette flamme perpétuelle surmontée d’une citation biblique qui dit ” Plus j’en parle, plus je veux me souvenir de lui “ ( Jérémie, chap 31, verset 20). Puis une mezouza à l’entrée du mémorial : celle installée par le rav Goren sur une des portes de la vieille ville de Jérusalem reconquise en 1967. Enfin un film de Michal Hovner qui rassemble sur une même vidéo – observez bien – tous les corps d’armée, à toutes les époques et sur tous les fronts du pays…un autre symbole fort.

On pénètre enfin au coeur du mémorial, cet univers de briques couleur crème et de lumière. Tout autour du bâtiment des murs de briques sur les quelles sont gravées le nom de ceux qui sont tombés, lors de guerres ou pendant leur service ( attentats, accidents ou maladies) . Un chiffre étonnant :  ” seuls ” un tiers des soldats tombés pour Israël l’ont été pendant les guerres…. Le mémorial monte en colimaçon, comme on remonte le temps,  autour d’une “cloche de lumière” centrale. Tout en bas, les morts les plus récents et tout en haut, les premiers qui datent d’avant même la création de l’Etat d’Israël. Le premier nom est celui de Aaron Herscheld, gardien du premier quartier installé hors des murailles, Mishkenot Shaananim, et qui a été tué en 1873 lors d’une attaque punitive arabe suite à l’arrêt de l’achat d’eau par les juifs du quartier aux arabes voisins suite à des fortes pluies qui les avaient rendus autonome.


Si vous cherchez un soldat particulier, vous pouvez utiliser les ordinateurs installés le long de la montée. Avec le nom, vous trouverez l’emplacement de sa “brique” et une photo. D’ici quelque temps sera mise en place une application qui permettra d’obtenir des informations complémentaires sur chacun, juste en approchant l’écran de son téléphone de l’une ou l’autre brique. Dans chaque brique est installée une petite bougie électrique qui est allumée le jour anniversaire de la mort de la personne concernée, comme c’est une tradition de le faire dans la religion juive. Au milieu de la montée, des écrans racontent chaque jour l’histoire de certains soldats dont c’est le Yortzeit ( anniversaire de la mort). D’ailleurs chaque jour, une cérémonie est organisée en l’honneur de ceux tombés à cette date.


En bas, au centre de la “cloche de lumière” des projections vidéo permettent aux groupes de visiteurs de chanter ensemble. Cette cloche, que chaque visiteur interprète suivant sa propre vision – cloche, oeil du cyclone, flamme etc…- est formée de briques, semblables à celles sur lesquelles sont gravées les noms. Mais chacune d’elles est ici unique, différente imperceptiblement en dimension de sa voisine. Et de façon très symbolique, chacune tient l’autre. Si vous en enlevez une, tout s’écroule.

Il y a toujours des soldats dans le coin du monument, prêts à vous le faire visiter. Quand j’y suis allée, un d’eux était francophone et j’ai donc pu entendre ses explications, rendant la visite d’autant plus intéressante. Mais si vous voulez organiser une visite en français, vous pouvez appeler le 02 5646207.

Mémorial du Mont Herzl
ouvert du dimanche au jeudi de 9h à 18h et le vendredi de 9h à 12h

Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, sachez qu‘il existe un site qui répertorie les noms et histoires de ceux qui sont tombés : http://www.izkor.gov.il/

 Il existe aussi une application : עיכל הזיכרון

 

texte et photos : Valérie Cudkowicz

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