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"Un trésor de mots" : nouvelle exposition permanente de la Bibliothèque Nationale

J’ai eu la chance de suivre une deuxième visite guidée à la Bibliothèque Nationale et de visiter l’exposition permanente qui vient d’être mise en place. Elle s’appelle « אוצר מילים » – qui se traduit par « dictionnaire » mais je préfère la traduction anglaise du titre de l’exposition « Un trésor de mots ». Elle présente une infime partie des collections de la Bibliothèque Nationale mais de façon remarquable. On a vraiment l’impression de toucher l’histoire des mots.

J’ai déjà écrit un article sur ce lieu magnifique qui mérite d’être visité. Il faut savoir qu’entre ces murs sont gardés :
* 8,5 millions d’objets
* 4,5 millions de livres – on peut d’ailleurs voir maintenant, au niveau -3, les robots qui cherchent les livres commandés dans le bunker dépressurisé des archives – la vidéo est sur instagram Valerie Cudkowicz (@jerusalemfutee) • Instagram photos and videos
* 2,5 millions de photos
* 106 141 journaux et magazines
* 93 km d’étagères
* 357 langues différentes représentées
* 75 000 objets ajoutés chaque année…. 

La guerre étant passée par là, les cérémonies d’ouverture qui étaient prévues fin octobre 2023 ont été annulées et les travaux ont pris du retard et se poursuivent donc dans certaines parties du bâtiment. Mais le projet final prévoit trois salles d’exposition :
* une salle consacrée à l’exposition permanente – qui devrait changer tous les 8 ans environ
* une salle pour les expositions temporaires, en rotation 3 à 4 fois par an
* une petite salle d’exposition au niveau -3

C’est donc l’exposition permanente qui est désormais ouverte dans une salle qui se trouve à droite de l’entrée principale, rue Kaplan.

« Un trésor de mots » est une exposition qui tourne autour de trois mots : le livre, l’écrivain, l’histoire. Le livre est l’endroit où les idées prennent forme, deviennent réalité, projet. Il permet aussi la transmission de ces idées, de ces histoires réelles ou imaginaires. Il permet le partage avec ceux qui ne peuvent pas se déplacer pour voir un lieu, entendre parler d’un événement etc… L’histoire est ce qui forge un peuple, qui transmet des valeurs, des expériences ou tout simplement qui fait marcher son imagination. L’écrivain est celui qui rend l’idée, l’histoire accessible à tous.

Alors que voit-on dans cette exposition? 

Ce qu’il y a de particulier dans cette exposition, c’est que l’on voit les vrais objets. En effet sont exposés les livres d’il y a plusieurs centaines d’années et pas des facsimilés comme cela est souvent le cas dans les musées. On est au contact des lettres écrites par des écrivains célèbres. On a l’impression de vivre l’histoire en direct.

Talmud de Babylonne de 1520

On peut donc admirer de vieilles cartes qui traçaient pour ceux qui ne pouvaient pas voyager le pays d’Israël. On y voit un Talmud de Babylonne de 1520, publié par Daniel Bomberg un  imprimeur chrétien, le premier d’une longue tradition qui perdure jusqu’à nos jours avec le texte au milieu, les commentaires de Rachi au bord de la couture et ceux de Tosfot à l’extérieur . La partition du premier opéra en hébreu écrit en Israël en 1922, Yftah. Une haggada de 1730. Une bible en latin, imprimée en Suisse en 1481!. 

On découvre aussi des écrans qui affichent des articles de journaux du monde entier, dont de nombreux français sur l’Affaire Dreyfus. En cliquant sur l’écran on obtient plus de détails sur les sujets abordés.

Alors si on fait un retour en arrière dans le temps, on en fait aussi un en avant dans la technologie. En effet l’exposition comprend des éléments qui révèlent bien sa modernité. Il y a par exemple plusieurs livres aux pages blanches. Mais quand on les tourne, elles s’animent de documents – en hébreu, anglais ou arabe – sur l’histoire d’Israël. Un des livres est consacré à la botanique d’Israël, un au parcour d’Herzl et un autre aux pelerinages. 

Au fond de la salle d’exposition se trouve aussi une très grande table toute noire opaque. Elle est divisée en 14 carrés, chacun consacré à un personnage célèbre : Hanna Senesh, Stefan Zweig, David Grossman, Naomi Shemer, Yeshayahu Leibowitz etc…. Sur chaque section se trouve un résumé de la vie/oeuvre de la personne concernée et 3 ou 4 descriptions d’objets personnels : lettres, manuscripts, carnets etc… En appuyant sur le bouton à côté de chaque description, on fait apparaitre un tiroir qui sort sous la plaque de verre noire de la table, qui présente l’objet en question sous un éclairage de quelques secondes et redisparait. Ce dispositif est bien sûr là pour la protection de ces précieux documents qui ne peuvent pas être exposés à la lumière tout le temps. Mais c’est très surprenant de se retrouver à quelques centimètres de la lettre de suicide écrite par Stefan Zweig, du carnet de notes sur lequel Naomi Shemer a écrit la 4ème strophe de sa chanson Yerushalayim sehl zaav après la guerre de 1967 ou une lettre du Hazon Ish à son élève Zvi Arie Yehuda.

A différents endroits de l’exposition des écrans sont à votre disposition pour en savoir plus sur les objets exposés. On peut également y découvrir des détails que l’on ne voit pas à l’oeil nu.

Pour le moment cette exposition – payante, 45 nis – ne peut se visiter qu’avec un groupe. Quand je suis allée demander à l’accueil de la bibliothèque les jours et horaires des prochaines visites, on m’a répondu que tout était déjà réservé jusqu’en mars…. Mais  ne vous en faites pas, de nouvelles visites sont ajoutées régulièrement. Et d’ici un ou deux mois, on pourra la visiter individuellement avec des écouteurs pour recevoir toutes les explications.

Pour en savoir plus : הספרייה הלאומית של ישראל (nli.org.il)

Pour réserver une visite guidée : סיור מודרך (nli.org.il)

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