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"Designing Memory", le Mémorial de Har Herzl gagne le 1er prix d'architecture

Ce n’est pas tous les jours qu’un architecte israélien gagne un prix international. C’est ce qui est arrivé à Kimmel Eshkolot Architects qui a remporté le prestigieux prix Dedalo Minosse International Prize 2019 pour la construction du Mémorial de Har Herzl dédié aux soldats et autres personnels tombés pour la défense d’Israël. De ce fait, le pays gagnant organise généralement une exposition pour présenter les différents projets en lice. Et comme Kimmel Eshkolot Architects est également l’architecte qui dirige les travaux de rénovation du musée de la Tour de David, c’est tout naturellement ce dernier, qui accueille cette exposition intitulée  » Designing Memory «  en l’honneur de son gagnant.

L’exposition Designing Memory à la Tour de David
Etan Kimmel

Quelques mots d’abord sur la récompense. Le Dedalo Minosse Prize est un prix d’architecture réputé qui récompense des projets en Italie et à l’international. Chaque année une petite centaine de projets sont sélectionnés à travers le monde, certains courent dans la catégorie internationale, d’autres dans celle d’Italie et deux prix spéciaux sont décernés dans chaque catégorie à des architectes de moins de 40 ans. Vingt six projets ont été finalement retenus pour cette édition et pour la première fois un architecte israélien a remporté le premier prix.

Il faut toutefois savoir que le prix n’est pas uniquement décerné par rapport à l’architecture du projet. Il récompense avant tout le dialogue et l’entente entre l’architecte et le client. Il tire d’ailleurs son nom de Deadalus et Minos, le premier « couple  » architecte – client dans la Grèce antique, puisque Deadalus est l’architecte responsable de la construction du fameux Labyrithe commandé par le roi Minos. Et comme l’explique Etan Kimmel, un des architectes gagnants, le dialogue a été très important dans la construction du Mémorial de Har Herzl. Mais le prix tient également compte de certains autres aspects des projets comme l’innovation, le respect de l’environnement ou la contribution à la communauté.

Dans la salle de la Tour Phasael – une des tours du musée qui servait entre autres de salle de réception du Pasha au temps des Orttomans – les différents projets finalistes sont exposés. On peut y admirer une maquette du Mémorial de Har Herzl et suivre la construction du projet sur des panneaux et à  travers différentes vidéos. Les trois autres gagnants de cette édition du Dedalo Minosse Prize ont également leur projet exposé et un écran dédié à des films le concernant.

Quelques images de l’exposition

Le Mémorial de Har Herzl

Mais il vous suffit de prendre le tram de la mairie jusqu’au Har Herzl ( jusqu’au 22 août 2022, le tram s’arrête à la Tahana Merkazit mais des bus font la liaison avec le Har Herzl, plus d’infos Attention changements dans le tramway – JérusalemFutée (jerusalemfutee.com) ) pour pouvoir admirer grandeur nature le gagnant du concours, le Mémorial de Har Herzl.

Alors j’ai déjà écrit un texte sur ce monument lors de son inauguration ( voir le lien à la fin de l’article),  mais à l’occasion de cette exposition et de la rencontre avec plusieurs des architectes du projet, j’en ai découvert un peu plus sur ce lieu de mémoire.

Le Mémorial de Har Herzl est une commande du Ministère de la Défense qui a pris 12 ans a être finalisé. Il a été inauguré en 2017Comme le dit le responsable du monument, si les familles endeuillées n’ont pas « besoin » d’un lieu spécifique pour se souvenir de leur cher disparu, ses soldats qui ont donné leur vie pour l’existence d’Israël doivent être connus par tous et à jamais.  Il va jusqu’à dire que  » Le deuil est la colle de notre société « .

La construction du mémorial est basée sur le principe d’égalité. Chaque brique comporte le nom et la date de décès – date du calendrier civil et du calendrier hébraïque – de la personne concernée. Il n’y a pas de rang / grade, pas de religion, pas de circonstances relatives au décès. Dans chaque brique une petite flamme électrique est allumée à la date du décès de la personne. Chaque famille peut choisir si la date prise en compte est la date du calendrier civil ou du calendrier hébraïque. Chaque jour une cérémonie spéciale – kadish, yzkor, hatikva et lecture des noms – est organisée à la mémoire des soldats tombés à cette date. Elle est filmée et envoyée aux familles. 

Le Mémorial est rond, il n’y a pas d’angle. Aucun soldat n’est donc relégué dans un coin. Les noms ne sont pas écrits sur toutes les briques mais seulement sur celles qui sont à hauteur des yeux, ni trop bas, ni trop haut. Ils sont tous accessibles facilement. Le parcours à l’intérieur du monument se fait en spiral, pour ne pas revenir au départ, mais aller toujours de l’avant, vers le haut. Les noms sont inscrits par ordre chronologique, le dernier tué est le premier nom que l’on lit en entrant dans le Mémorial. L’impact est alors plus grand sur le public, c’est quelqu’un dont on a entendu parler dans les médias récemment. Tout en haut du monument, figure Aaron Hershler, mort le 5 janvier 1873 en défendant le quartier de Mishkenot Shaananim, premier quartier en dehors des murailles de la vieille ville.

La partie centrale – comme une cloche en briques – permet de faire entrer la lumière naturelle dans le monument. Elle relie l’extérieur à l’intérieur. Ce sont d’ailleurs les ingénieurs du ministère de la Défense qui ont conçu les briques de cette partie. En effet, de vraies briques en ciment auraient été trop lourdes, alors ils ont fabriqué des briques vides à l’intérieur pour les rendre plus légères et pouvoir monter la structure. Un exemple de dialogue, voire même de coopération active, entre l’architecte et son client.

Tout au long du parcours en spirale, des ordinateurs permettent de retrouver facilement le nom d’un soldat et donc l’emplacement de sa brique. A l’entrée du Mémorial il y a également une salle réservée aux soldats blessés pendant leur service et décédés des suites de leurs blessures après leur service.

Quelques photos du Mémorial

Des visites guidées de l’exposition et du Mémorial de Har Herzl sont organisées en hébreu et en anglais par le musée de la Tour de David.

Pour plus d’infos : עיצוב זיכרון – תערוכה חדשה במוזיאון | מוזיאון מגדל דוד ירושלים (tod.org.il)

Sinon, le Mémorial se visite sans réservation. Des soldats sont généralement là pour vous donner des renseignements.

 

Pour en savoir plus sur le Mémorial : Mémorial des soldats à Har Herzl : parce que chaque individu a un nom – JérusalemFutée (jerusalemfutee.com) 

 

Texte et photos : Valérie Cudkowicz

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